L'INCONSTANCE DE LA MÉMOIRE : DÉFORMATION ET FAUX SOUVENIRS
Nos
souvenirs sont importants pour nous car c’est grâce à eux que nous pouvons nous rappeler de tout ce qui nous est arrivé au cours de notre vie, en tout cas des
événements les plus marquants. Mais nos souvenirs ne sont pas fiables à cent
pourcents… En effet, notre mémoire épisodique, loin d’enregistrer de manière
objective tout ce qui nous arrive, subit l’influence de notre identité. Notre
vision du passé évolue avec notre personnalité, et déforme ainsi nos souvenirs…
Une étude réalisée durant quatre ans sur plus de 400 couples le prouve :
des couples, s’étant décrit comme heureux au début de leur relation, déclarent
que leur vie conjugale était insatisfaisante dès le début suite à une rupture.
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Non seulement le cerveau déforme notre vision du passé, mais il a aussi tendance à combler nos souvenirs incomplets avec des informations pouvant être inexactes. Là encore, c’est notre identité qui est coupable. Imaginons quelqu’un d’extraverti : s’il se souvient d’une soirée, mais ne se rappelle pas avoir salué tout le monde. Se sachant extraverti, il déduira qu’il l’a fait. Et à force de se le répéter, il va finir par l’intégrer, déformant peut être ainsi la réalité.
Mais cette déformation de nos souvenirs, loin d’être un défaut de notre mémoire, sert à renforcer notre identité. Elle sert à faire un lien entre notre « moi d’hier » et notre « moi d’aujourd’hui », voire notre « moi de demain », car sans nos souvenirs, nous sommes incapables de nous projeter.
Mais cette déformation de nos souvenirs, loin d’être un défaut de notre mémoire, sert à renforcer notre identité. Elle sert à faire un lien entre notre « moi d’hier » et notre « moi d’aujourd’hui », voire notre « moi de demain », car sans nos souvenirs, nous sommes incapables de nous projeter.
"La déformation des souvenirs [...] sert à renforcer notre identité"
Cependant, le cerveau va parfois jusqu’à inventer complètement des souvenirs. C’est le phénomène des faux souvenirs, qui peuvent se révéler dangereux, car ils sont souvent induits par des psychothérapeutes, qui demandent à leur patients de se remémorer leur enfance pour détecter un éventuel traumatisme. Ainsi, aux Etats-Unis, dans les années 80, le nombre de plaintes pour attouchements sexuels a été décuplé à cause de psychothérapies. Les patients, devinant que le psychothérapeute cherche un traumatisme, en invite un à partir d’un vague souvenir, comme une caresse ou un regard d’un membre de leur famille. Les psychothérapeutes doivent donc faire très attention dans leurs gestes et paroles envers les patients, afin de ne pas déclencher ce phénomène.